Après les fortes intempéries de la fin du mois de novembre, tout le versant sud de l’Atlas regorge d’eau; les affluents grossissent le Draa, déjà à son plus haut. Le barrage édifié à Ouarzazate est plein et de fréquents lâchers gonflent encore la crûe du fleuve. Les routes sont coupées et le village de M’Hamid se retrouve transformé en île, cerné par les bras du fleuve. Il est très compliqué de se rendre à Ergsmar ou d’en revenir, le désert étant inondé à de nombreux endroits, mais sur place la situation est critique. Moins pour les installations (bivouac, maisons, ceinture grillagée) que les digues construites en octobre ont bien protégé, que pour le terrain qui se retrouve rogné petit à petit par le fleuve en crue, au sud. Durant plusieurs jours, les personnes sur le lieu voient le bord du périmètre petit à petit grignoté, d’anciennes maisons, de grands tamaris et d’anciens champs tomber dans le fleuve furieux qui rejoint son ancienne route naturelle jusqu’à l’océan durant un mois. De mémoire d’anciens, jamais depuis 70 ans, le Draa n’avait atteint de tels niveaux. Au final, la limite sud d’Ergsmar a reculé à certains endroits de plus de 70 mètres, atteignant même le grillage de la parcelle ouest et précipitant deux poteaux dans les eaux.
Après cette angoissante attente, la décrue s’amorce. La terre boit l’eau, les puits sont pleins et le tracé des premières parcelles est tracé, ainsi que les premiers canaux d’irrigation. Pour profiter de l’eau de pluie, blé, orge et luzerne sont semés sans attendre. Vers le 20 décembre, de nouveaux panneaux photovoltaïques sont installés grâce à une nouvelle subvention d’urgence débloquée par la fondation Engagés Solidaires. Cette fois une chape de ciment ancre l’ensemble au sol. Les deux pompes sont maintenant en état de marche. Fin novembre, les ouvriers qui creusaient le puits avaient atteint le Draa grâce à la pompe moteur. L’eau, après analyse, ne contient que 0,7 g de sel par litre. Tous les voyants sont au vert, et la roquette qui pousse en masse partout sur Ergsmar permet de ramener le troupeau, auparavant en ville, sur place.
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